L'importance des catéchèses pour notre monde


Voici comment Yves Semen[1], qui a rédigé un livre à succès : « la sexualité selon Jean-Paul II », présente l’apport de Jean-Paul II à la vie du monde en matière de sexualité : « Toute la culture médiatique actuelle porte à penser que l'éthique chrétienne s'oppose à l'épanouissement de la sexualité. Parmi tant d'autres, je vous cite Gilbert Tordjman dans un livre à grand succès: “Le christianisme, qui ne tolère la sexualité que comme un pis-aller nécessaire à la reproduction, circonscrit le corps méprisé dans un halo de honte et de culpabilité[2]”. C'est tout dire...Là contre, le Cardinal Lustiger s'est élevé avec force et je vous rapporte ses paroles dans une interview donnée à un grand hebdomadaire: “Le christianisme a toujours défendu la dignité du corps. Or curieusement on lui fait le reproche de mépriser le corps. C'est le confondre avec le puritanisme anglo-saxon ! Un tel mensonge ne peut pas durer éternellement.” Ce mensonge, je vous propose qu'ensemble, nous tentions de le dénoncer aujourd'hui. Car le christianisme est une religion du corps. Celse — un philosophe du premier siècle, néoplatonicien et qui à ce titre ne tenait pas le corps en grande estime — ne s'y était pas trompé, qui désignait les chrétiens de manière méprisante par le sobriquet de “philosomaton genos” c'est-à-dire “le peuple qui aime le corps”. Oui, notre religion est une religion du corps car elle est fondée sur l'Incarnation dans la chair du Verbe de Dieu. Comment dès lors pourrait-elle mépriser le corps? Notre religion n'est pas une religion de l'immortalité de l'âme. Pour affirmer l'immortalité de l'âme, il n'y a d'ailleurs pas besoin d'une religion révélée. Une bonne philosophie y suffit. Ce que nous attendons — c'est l'espérance que nous affirmons à chaque fois que nous récitons notre Credo — c'est la résurrection des corps. Et un corps n'est pas corps sans être sexué[3]. »
C'est le grand mérite de Jean-Paul II d'avoir donné à l'Eglise une “théologie du corps” qui constitue un événement théologique qui — paradoxalement — est passé, en son temps, presque totalement inaperçu. A cet enseignement Jean-Paul II a consacré toutes les audiences hebdomadaires du mercredi durant plus de cinq années au début de son pontificat, très exactement du 5 septembre 1979 au 28 novembre 1984. Il n'a interrompu cet enseignement que durant quelques mois après l'attentat du 13 mai 1981 et durant l'Année Sainte de la Rédemption 1983. Au total cet enseignement représente pas moins de 129 discours et près de 800 pages de texte. Il a été qualifié de “Magistère génial de Jean-Paul II” par le Cardinal Angelo Scola alors qu'il était Recteur de l'Université Pontificale du Latran et de “bombe à retardement théologique[4] ” par George Weigel, à qui l'on doit la biographie la plus autorisée et la plus complète du pape. Et George Weigel ajoutait que cette théologie du corps “sera probablement regardée comme un tournant, non seulement dans la théologie catholique, mais aussi dans l'histoire de la pensée moderne[5]”.


[1] Yves Semen est docteur en Philosophie de l'Université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos à Fribourg (Suisse), et professeur à la Faculté Libre de Philosophie (IPC-Paris). Il est également l'auteur de La sexualité selon Jean-Paul II, Ed. Presses de la Renaissance, 2004.

[2]  Gilbert Tordjman in Réalités et problèmes de la vie sexuelle, Ed. Hachette 1981
[3]  Conférence donnée en 2005 à Vetroz à des jeunes, http://apostolattherese.free.fr/fichiers/TheologieCorpsJPII.htm
[4] G. Weigel, Jean Paul II, témoin de l’espérance, JC Lattès, 1999, p. 426.
[5]  Georges Weigel, Jean-Paul II, Témoin de l'espérance, p. 427

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